L'histoiredu Cognac


Les savoir-faire autour du cognac se sont construits depuis plusieurs siècles. Tout a commencé avec la distillation, introduite au XVe siècle par les Hollandais afin de préserver la qualité du vin de Charente lors du transport. Trois siècles plus tard, les Charentais modifient leurs alambics : c’est l’apparition de la double distillation. Ils bonifient encore leurs eaux-de-vie grâce à un vieillissement en fût de chêne. 


Le marché se développe au XIXe siècle et de grandes maisons de commerce se créent. Les eaux-de-vie s’expédient alors en bouteilles et non plus en fûts. Aujourd’hui, le cognac est exporté vers près de 160 pays. Découvrez la timeline du cognac.

Le Moyen ÂgeLe bassin de la Charente : une mentalité propice aux échanges commerciaux


Le vignoble de Poitou produit des vins qui, transportés par des navires hollandais venant chercher le sel de la côte, sont appréciés dans les pays bordés par la Mer du Nord.
Dès le Moyen Âge, apparaît dans la région grâce au fleuve Charente, une mentalité propice aux échanges commerciaux internationaux.


En effet, ce fleuve navigable était déjà baptisé « le sentier qui marche » par les Romains car il permettait aux navires de la côte de remonter aisément jusqu’à l’intérieur des terres charentaises.
À partir de cette époque, le vignoble s’étend progressivement vers l’intérieur du pays, en Saintonge et en Angoumois.

La ville de Cognac se distingue déjà pour son commerce du vin qui s’ajoute à l’activité d’entrepôt de sel connue depuis le XIe siècle.

Du XIVe au XVIe siècleLes pays du Nord de l’Europe achètent les vins renommés de la région


À la Renaissance, le commerce connaît un essor important.
Les voyages se multiplient et s’allongent.
Les Hollandais, commerçants très actifs, appelés par Henri IV pour apporter leur aide à l’aménagement du Marais poitevin, sont amateurs des marchandises de la région :
le sel, le papier d’Angoulême et les vins du Cognaçais.


En effet, les vaisseaux hollandais viennent chercher à Cognac et dans les ports charentais les vins renommés des crus de « Champagne » et des « Borderies ».

Au XVIe siècle, les Hollandais décident de distiller les vins de la région pour mieux les conserver
La connaissance de l’art de la distillation par les Hollandais les incite à distiller le vin chez eux, pour mieux le conserver.


En effet, les vins de la région, d’un degré alcoolique peu élevé, souffrent de la longueur des voyages en mer.

Le résultat est un succès. Ils le nomment « brandwijn », « vin brûlé » qui donnera le nom « brandy », eau-de-vie de vin (ils boivent ce breuvage allongé d’eau).
Par la suite, les Hollandais jugent plus intéressant de faire distiller le vin sur le lieu de production, ce qui diminue les volumes à transporter. Ils installent donc les premières distilleries dans la région. Ils exigent que les alambics soient fabriqués avec le cuivre d’Amsterdam. C’est un des premiers transferts de technologie de l’Histoire.

XVIIe siècleApparition de la double distillation


XVIIe : au début de ce siècle apparaît, dans la région, la double distillation qui va permettre au produit de voyager sous forme d’eau-de-vie inaltérable, bien plus concentrée que le brandwijn.

Les premiers alambics, installés en Charente par les Hollandais, seront progressivement modifiés ; les Français en maîtriseront et en amélioreront la technique.


Jusqu’au début du XVIIe siècle, la distillation ne consistait qu’en une seule chauffe qui permettait d’obtenir le brouillis, liquide que l’on buvait agrémenté de plantes aromatiques.

La légende dit que la double distillation fut inventée par le Chevalier de la Croix Maron, Seigneur de Segonzac, homme fort pieux qui fit le rêve que Satan tentait de damner son âme. Il se vit en songe dans le chaudron du Malin ; mais sa foi était si profondément ancrée en elle que l’âme du Chevalier résista à une première « cuisson ». Le Malin, pour arriver à ses fins, fut obligé de la soumettre à une deuxième « cuisson ».


À son réveil, le Chevalier eut alors l’idée d’extraire l’âme de l’eau-de-vie avec une deuxième distillation.

Ainsi, dans la région de Cognac, s’est perpétuée cette légende sur l’origine de la découverte de la double distillation des eaux-de-vie de Cognac.

A la suite de retards dans les chargements de bateaux, on s’aperçoit que l’eau-de-vie se bonifie en vieillissant en fûts de chêne provenant de la forêt voisine du Limousin et qu’elle peut se consommer pure. La première maison de négoce voit le jour en 1643: c’est la Maison Augier.

XVIIIe siècleDiderot encense le cognac


Diderot, le grand philosophe du siècle des lumières, mentionne Cognac dans sa fameuse encyclopédie, comme étant « célèbre pour ses brandies ».


Dès la fin du XVIIe siècle, et surtout à partir du siècle suivant, le marché s’organise et des comptoirs de négoce sont créés dans les principales villes de la région.

Des négociants, pour la plupart anglo-saxons, collectent les eaux-de-vie dans les campagnes environnantes pour les expédier vers les pays du Nord de l’Europe
(Martell 1715, Rémy Martin 1724, Delamain 1759, Hine 1763, Hennessy 1765, Otard 1795…).

Etablissement de relations commerciales régulières avec l’Europe du Nord


Rapidement, des relations régulières s’établissent avec les acheteurs européens et de nouvelles se développent vers deux nouveaux marchés : l’Amérique et l’Extrême-Orient.

XIXe siècleNaissance de nombreuses maisons de négoce


Au XIXe siècle, la France connaît sept régimes politiques et deux révolutions dont il résulte une certaine instabilité.
Sur le plan économique, les périodes de libéralisme alternent avec les périodes de protectionnisme.

Au cours de ce siècle, on assiste à la naissance de nombreuses maisons de négoce (Bisquit 1819, Courvoisier 1843, Royer 1853, Meukow 1862, Camus, Hardy 1863…)


La France puise alors ses ressources dans ses conquêtes coloniales et c’est avec un grand retard que la première révolution industrielle se produit en France après l’abdication de Napoléon Ier.

Au cours du XIXe siècle, les expéditions de cognac connaissent une véritable explosion (passant d’un peu plus de 36 000 hl volume en 1799 à plus de 478 000 hl volume en 1879). Cette progression n’est pas linéaire. En effet, si les expéditions de cognac chutent après la Révolution française, elles atteignent des sommets en 1807. Par contre, le blocus continental instauré par Napoléon Ier est synonyme d’effondrement des ventes de cognac dès 1808.

Ascension fulgurante sous Napoléon III


Il faudra attendre 1860 et la signature d’un traité de libre-échange entre l’Angleterre et la France, sous l’impulsion de Napoléon III, pour voir les ventes de cognac s’envoler. De moins de 150 000 hectolitres en 1860, elles sont multipliées par 3 en 1879.

Début des expéditions en bouteilles


Au milieu de ce XIXe siècle, les maisons de négoce prennent l’habitude d’expédier l’eau-de-vie en bouteilles et non plus en fûts, afin de mieux valoriser leur « marque ».
Cette nouvelle forme de commerce donne elle-même naissance à des industries connexes : la verrerie (Claude Boucher s’emploie en effet, dès 1885 à la verrerie de St-Martin de Cognac, à mécaniser les procédés de fabrication des bouteilles), la fabrique de caisses, de bouchons et l’imprimerie.

1877 :282 667 hectares de vignoble


En 1877, le vignoble s’étend alors sur 282 667 hectares (plus grand que le Luxembourg).

La crise du phylloxéraA la fin du XIXe siècle, le phylloxéra détruit la majeure partie du vignoble


Vers 1875 apparaît en Charente le phylloxéra (insecte du genre hémiptère dont une espèce, le Phylloxéra vastatrix, attaque la vigne en suçant la sève de ses racines).
Il va détruire la plus grande partie du vignoble (vers 1895 il ne reste que 42 581 hectares, contre plus de 280 000 ha en 1877).

Naissance de la première initiative interprofessionnelle à Cognac : le Comité de Viticulture en 1888


Ce drame va donner naissance en 1888 au Comité de Viticulture, transformé en Station Viticole en 1892.

En 1887, une mission française, conduite par Pierre VIALA, Professeur à l’Ecole d’Agriculture de Montpellier, est envoyée aux États-Unis à la recherche de vignes qui, en Amérique, résistent au phylloxéra.


L’objectif de cette mission est de ramener des plants sur lesquels on grefferait nos cépages afin de bénéficier de la résistance des vignes américaines au phylloxéra, tout en conservant la qualité des productions des cépages français.

Les premiers essais sont catastrophiques puisque les premiers porte-greffes ne résistent pas aux terrains calcaires de la région. Il faut en chercher d’autres résistants à la chlorose.
De nombreuses années d’efforts et de patience sont nécessaires pour remettre à flot l’économie de la région.

XXe siècleReconstitution du vignoble grâce à des porte-greffes américains


La reconstitution du vignoble s’effectue donc grâce à des porte-greffes américains insensibles aux attaques du phylloxéra. Fragilisés par le greffage, les cépages traditionnels (Colombard, Folle Blanche…) sont peu à peu remplacés par l’Ugni blanc, plus résistant, maintenant utilisé à plus de 98% pour la production du cognac.

« Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Nietzsche  »

Mise en place de la législation du Cognac pour consacrer les usages locaux, loyaux et constants


Une législation pour consacrer les usages locaux, loyaux et constants est mise en place :
• Le 1er mai 1909, la zone géographique de production est délimitée.
• Dès 1936, le Cognac est reconnu comme Appellation d’Origine Contrôlée.
• En 1938, les appellations régionales (crus) sont délimitées.

1946Naissance du Bureau National Interprofessionnel du Cognac


Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le « Bureau de Répartition des Vins et Eaux-de-vie », est institué pour préserver le stock de cognac. À la Libération, en 1946, lui succède le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), auquel est rattachée la Station Viticole en 1948. Tous les stades de l’élaboration du cognac sont désormais soumis à une réglementation destinée à fixer les règles de production et protéger le produit dont la notoriété s’affirme de plus en plus.

XXIe siècleLe cognac, produit d’exception, est exporté à plus de 97%


Historiquement produit d’exportation, le cognac est encore expédié vers les pays étrangers pour plus de 90%.
Aujourd’hui, l’exportation de cognac vers l’étranger continue sa progression. On dénombre plus de 211.1 millions de bouteilles exportées pendant la campagne 2018-2019. C’est 2.5% supérieur à l’année précédente, ce qui encourage tous les acteurs du monde du cognac à continuer de travailler ensemble autour de ce spiritueux unique !

Présent sur tous les continents :il est expédié vers près de 160 pays.


Le cognac s’exporte dans plus de 160 pays à travers le monde. Néanmoins, on observe des zones plus consommatrices, tels que la NAFTA (États-Unis, Canada, Mexique) et l’Extrême-Orient (Chine, Singapour, Hong Kong, Corée du Sud, Malaisie, Taïwan, Thaïlande, Japon).
Produit de luxe par excellence, le cognac est aujourd’hui expédié vers près de 160 pays.


De l’Extrême-Orient au continent américain, en passant par l’Europe, il est synonyme d’une eau-de-vie de très grande qualité, symbole de la France et de son « Art de Vivre ».

Un vignoble qui s’étend

Tirées par les marchés américain et chinois, les exportations de cognac sont en constante évolution ces dernières années. Pour répondre à ces besoins croissants, la filière cognac s’organise autour d’un plan de plantations afin d’agrandir le vignoble cognaçais. En effet, en marge des résultats sur l’exportation du cognac et face à une demande grandissante, a été décidé un agrandissement de 10 000 hectares du vignoble charentais.