Parole d’engagé : Léo Bujeaud, viticulteur à Foussignac

Découvrez le témoignage de Léo, viticulteur engagé et passionné par le sujet des engrais verts.

  

Les engrais verts, c’était mon sujet de BTS. Je m’y suis mis il y a 5 ans. Mon objectif est de faire des engrais verts sans frais supplémentaires et aussi de limiter l’apport d’engrais chimique. Aujourd’hui, je n’apporte que 30 à 50 unités d’engrais organo minéral, je cultive un rang sur deux et les dessous de rang sont grattés. Le taux de matière organique a considérablement augmenté.

Qu’avez-vous planté cette année ? Et quelle est la bonne période pour le faire selon vous ?

Selon moi, il faut planter les dix premiers jours de septembre, si on attend plus longtemps ça met trop de temps à prendre. Je ne déroge jamais à cette règle ! Cette année est un peu particulière, il n’y a pas eu d’eau en septembre donc mes couverts ont mis du temps à lever. Mais le mois d’octobre a été très doux et mes couverts ont levé parfaitement.

Concernant les semis, j’ai essayé beaucoup de choses : des mélanges classiques, j’ai aussi essayé de faire mes propres mélanges, mais c’est une perte de temps. Du coup j’utilise les mélanges avec trois familles : les crucifères type radis chinois, roquette, colza pour le perçage du sol ; les graminées type avoine pour faire la masse et les tuteurs ; et enfin les légumineuses type vesse, lentille et trèfle pour apporter de l’azote dans le sol. Des carences en potasse apparaissaient fin août sur certaines parcelles, et depuis les engrais verts nous ne voyons plus ce phénomène.

Des projets pour la suite ?   

Les semoirs à engrais verts sont très couteux, entre 10 000 et 15 000 euros. J’ai trouvé une alternative dont je suis très content. J’ai acheté un vieux semoir à blé qui avait un vieil attelage pour chevaux, on a réussi à l’adapter à notre tracteur et ça fonctionne super bien. Il a la bonne taille pour passer entre les rangs, on est contents.

Concernant les semis, je vais réessayer la féverole, la première fois je ne l’avais pas assez dosée. Cette fois je vais faire la moitié en féverole et l’autre en mélange classique, ça va faire un paillage différent. Mais la féverole apporte beaucoup de carbone, et c’est pour cela que je ne veux pas en faire tous les ans.

J’aimerais aussi tenter d’implanter des engrais verts en avril, dès que ceux d’hiver sont détruits. Comme ça mes allées seraient enherbées toute l’année. En termes de biodiversité c’est étonnant, quand les engrais verts sont en fleurs, on voit qu’il y a énormément de vie dans les vignes, il y a plus d’auxiliaires dans les vignes. Le sol a changé aussi, la terre est plus noire, plus riche. L’avantage aussi c’est que je peux rouler dedans, ça apporte de la portance. Et rien que pour la beauté des paysages ça vaut le coup, ça me plaît de voir un paysage vert toute l’année !

Je fais aussi une parcelle en vitiforesterie. Le but de cette parcelle c’est d’implanter des rangées d’arbres au milieu des vignes et d’entourer la parcelle de haies. Dans deux ans je plante les vignes. La parcelle fait 4,5 hectares, et je compte implanter 2,5 hectares de vignes. Je veux pousser le test au maximum : arbres, ombre, apport de matière organique, biodiversité et pourquoi pas la cultiver uniquement en bio. C’est un projet pour le moment unique, j’ai hâte de voir comment la vigne va se comporter entourée d’arbres et de haies.