Parole de certifiée : Marion Babinot, viticultrice à Javrezac

 

Installée à Javrezac et Saint-Laurent-de-Cognac, Marion Babinot cultive aujourd’hui 54 hectares de vignes. Son vignoble est aujourd’hui constitué pour moitié de terres familiales, complétées par des vignes acquises ou prises en fermage. En 2025, elle obtient la Certification Environnementale Cognac (CEC), dans la continuité de pratiques déjà engagées depuis plusieurs années.

 

Pourquoi avoir choisi la Certification Environnementale Cognac ?

Nous étions prêts depuis longtemps. Sur l’exploitation, beaucoup de choses étaient déjà en place : nous utilisons autant que possible du cuivre et du soufre, et nous faisons des engrais verts depuis 2018.
Nous n’avons jamais supprimé les arbres isolés, nous avons toujours eu des haies et des jachères, pour nous, c’est juste normal. Finalement, lorsque le technicien qui nous accompagne m’a expliqué que compte tenu des efforts que nous avons déjà fait et avec la nouvelle version de la certification, il ne restait presque plus que de l’administratif à faire, je me suis lancée. C’était simplement une question de timing, pas de volonté.

 

Qu’est-ce qui guide vos pratiques au quotidien ?

On a toujours eu cette logique de faire attention. Dès le début, nous avons utilisé un pulvérisateur à panneaux récupérateurs pour les traitements : ils consomment moins de produits et limitent fortement la dérive dans l’air.
Comme nous avons beaucoup de riverains, c’était aussi une manière de les préserver. Je n’aime pas traiter, c’est coûteux, mais il faut bien protéger la récolte. On essaie en permanence de trouver un équilibre entre la rentabilité et le respect de l’environnement.

Et puis il y a le sol : les engrais verts, le travail du sol… La particularité de ma pratique des engrais verts, c’est que nous inversons les allées tous les ans. L’idée c’est de travailler la parcelle de façon homogène pour ne pas avoir une allée vivante et une allée « stérile ».
Avec ces engrais, je fais du mulch qui limite la pousse de l’herbe, ce qui évite de passer le broyeur plusieurs fois durant l’été : c’est un vrai gain de temps, de carburant et de main-d’œuvre. C’est une manière efficace de préserver des sols vivants tout en optimisant le travail sur l’ensemble de la parcelle.
C’est tout un système que nous avons construit au fil des années, et j’en suis fière. Quand je vois mes rangs remplis de vers de terre, je sais qu’on est sur la bonne voie.

 

Vous avez mentionné vos riverains. Quelle place prennent-ils dans votre démarche ?

Nous en avons beaucoup, et pour nous, c’est essentiel de maintenir une bonne relation. Mon père s’est déjà fait interpeller dans les rangs ; depuis, nous avons choisi d’expliquer. Quand on nous pose des questions, on prend le temps de répondre.
Si besoin, on vérifie le débit des buses à l’eau. Nous prenons en compte la présence de nos voisons dans le choix de nos horaires de traitement. 
Et surtout, on discute. On crée du lien. Quand je traite, et que je croise quelqu’un qui se promène, je coupe la machine et j’attends qu’il passe. Nous n’avons jamais eu besoin d’envoyer des SMS d’alerte : les gens nous connaissent, ils savent qu’on fait attention.

 

Vous avez aussi mis en place des équipements en faveur de l’environnement ?

Oui, nous avons construit un chai moderne avec récupération des eaux. L’eau de lavage, l’aspersion des cuves… tout est récupéré et recyclé.
Nous avons aussi installé du photovoltaïque : c’est un vrai plus, à la fois économique et écologique.

 

De quoi êtes-vous la plus fière aujourd’hui ?

Des engrais verts et du travail sur les sols vivants, sans hésiter. J’y tiens énormément. Notre vignoble est plus vert, on passe moins de broyeur, donc on consomme aussi moins de gasoil.
Ce sont des choix que nous avons faits, qui demandent du temps, mais qui apportent beaucoup.
Et nous continuons d’avancer : aujourd’hui, avec 54 hectares, il faut qu’on adapte notre matériel et notre façon de travailler. J’ai plein d’idées pour la suite.