Parole de certifiée : Karine Charron, viticultrice à Gémozac en Charente-Maritime
Rencontre avec Karine Charron, viticultrice sur l’exploitation familiale à Gémozac, dont le vignoble a obtenu la Certification Environnementale Cognac & HVE en 2020. En 2024, elle a fait partie du groupe pilote chargé de tester la nouvelle version de la certification.
Vous avez fait partie du groupe pilote pour tester la nouvelle Certification Environnementale Cognac, qu’en avez-vous pensé ?
Cette nouvelle version présente un vrai atout : elle se recentre sur la vigne, ce qui la rend plus simple et plus lisible. L’aspect administratif a aussi été allégé. En 2020, nous devions remplir de nombreux documents ; aujourd’hui, tout se fait directement via un tableau sur le portail du BNIC. C’est beaucoup plus rapide et pratique.
Bien sûr, cela demande toujours du travail : on y consacre une journée de temps en temps. Le démarrage est un peu complexe car il faut enregistrer toutes ses pratiques, mais une fois en place, c’est bien plus fluide.
Le plus important, c’est que cette certification nous a aidés à faire évoluer nos pratiques. Nous avons repensé notre façon de travailler, notamment pour les traitements, où nous sommes plus attentifs aux doses utilisées.
Quels ont été les plus grands changements sur votre exploitation ?
Nous avons sollicité des aides du Plan Végétal Environnement (PVE) pour installer une aire de lavage dès 2017. Nous avions anticipé son obligation et choisi de l’installer en amont. Cet investissement a apporté un vrai confort de travail. En procédant étape par étape, les évolutions sont plus simples à mettre en place.
Le désherbage mécanique entre les interceps a aussi été un gros changement. Nous n’en faisions pas du tout, il a donc fallu apprendre. Aujourd’hui, nous entretenons huit hectares en désherbage mécanique total, sans herbicide. Cela demande du temps, mais nous sommes fiers du chemin parcouru.
Enfin, nous avons mis en place un système de récupération des eaux de chai pour les valoriser en épandage.
La nouvelle CEC intègre un système de bonus, quelles pratiques ont pu vous en faire bénéficier ?
Nous avons obtenu six bonus au total, alors qu’il n’en faut que deux pour être certifié. Nous avons pu valoriser notamment nos efforts sur les Infrastructures Agro-Écologiques (IAE) comme l’enherbement naturel ainsi que les lisières de bois qui favorisent la biodiversité. Nous recyclons aussi nos sous-produits viticoles en les faisant collecter par Adivalor, une société spécialisée dans le tri, la collecte et la valorisation des déchets agricoles.
Finalement, ce sont des pratiques de bon sens que nous avons adoptées très naturellement. La certification nous pousse à toujours nous remettre en question et à chercher des façons d’aller encore plus loin.
Avez-vous de nouveaux projets pour l’avenir ?
Oui, nous avons lancé cette année notre propre distillerie sur l’exploitation. C’était un projet qui nous tenait à cœur, même si nous n’avions jamais distillé auparavant. Nous avons initié cette réflexion en 2020 et, après plusieurs années de travail, nous avons enfin concrétisé notre ambition.
Il nous reste encore certains aspects à optimiser, notamment la mise en place d’un circuit fermé pour limiter notre consommation d’eau. C’est un point d’amélioration que nous allons étudier prochainement.
Quel conseil donneriez-vous à un viticulteur qui hésite à se lancer ?
Il faut être convaincu et faire au mieux avec les moyens dont on dispose. Le changement climatique et le contexte économique compliquent parfois les choses, mais je suis persuadée que nous y arriverons. Chaque action compte et fait avancer notre métier dans le bon sens.