Parole de certifié : Thomas Landreau, viticulteur à Criteuil-la-Madeleine
Rencontre avec Thomas Landreau, viticulteur depuis six générations à Criteuil-la-Madeleine, dont l’exploitation de 25 hectares est certifiée HVE 3 depuis début 2025. Engagé depuis plus de dix ans dans l’amélioration continue de ses pratiques viticoles, notamment autour de la gestion de l’eau et des intrants, il transmet aujourd’hui cette exigence et cette rigueur à la 7e génération, en cours d’installation sur l’exploitation.
Pourquoi avoir choisi d’engager votre exploitation dans la Haute Valeur Environnementale ?
Cela fait plus de dix ans que je travaille à améliorer mes pratiques, bien avant que cette certification n’existe. Pour moi, la question environnementale est centrale, notamment la gestion des intrants et des déchets. J’ai voulu formaliser cet engagement avec le label HVE qui est une certification connue du grand public, ce qui est un plus en vente directe.
J’avais déjà mis en place de nombreux aménagements : bassin de rétention, circuit fermé en distillerie, récupération des eaux de pluie… Certains de ces systèmes datent de plus de 20 ans. J’ai investi massivement pour adapter mon exploitation, en particulier sur la gestion de l’eau. Je ne voulais pas faire les choses à moitié. Je suis sur le bassin versant du Né et il fallait trouver des solutions pour ne rien rejeter dans le milieu naturel.
Quelles bonnes pratiques aviez-vous déjà mises en place avant la certification ?
J’ai commencé à traiter avec un pulvérisateur à panneaux récupérateurs dès 2003. Aujourd’hui, je continue avec du matériel confiné et j’ai mis en place une traçabilité quotidienne via une application. Ce sont des outils indispensables pour être rigoureux.
J’utilise aussi des engrais organiques, ce que la HVE ne demande pas forcément, mais j’y tiens : je voulais faire vivre mes sols. Le résultat est visible, la végétation a changé dans le vignoble.
J’ai également installé neuf ruches il y a quelques années, que je gère moi-même, et planté des haies pour recréer des milieux naturels. Même si j’ai déjà beaucoup d’Infrastructures Agroécologiques (IAE) sur l’exploitation, c’était important pour moi de continuer dans cette voie.
Comment partagez-vous votre engagement avec les visiteurs ou les riverains ?
Je reçois pas mal de visiteurs, et souvent, ils ne posent pas beaucoup de questions. Mais moi, je prends le temps de leur expliquer ce qu’on fait, pourquoi on le fait, et les contraintes que cela implique. Ce n’est pas par plaisir qu’on utilise des produits, c’est une nécessité. Mais on fait attention.
Avec les riverains aussi, on veille à traiter dans de bonnes conditions. On évite de traiter quand il y a du vent, et on réfléchit à l’avenir à mettre en place une campagne de SMS pour les prévenir. La transparence et l’échange, c’est essentiel.
Quels leviers explorez-vous aujourd’hui pour aller encore plus loin dans votre transition environnementale ?
Je teste les couverts végétaux. Ce n’est pas évident partout, notamment sur les rangs en contrebas qui restent très humides, mais c’est une piste. On prévoit aussi une étude plus approfondie de nos sols, avec des analyses régulières, pour ajuster les apports organiques ou azotés là où c’est nécessaire.
J’aimerais aussi avancer sur le bilan carbone de la distillerie. Pour l’instant, je n’ai pas les moyens d’investir dans de nouveaux brûleurs, mais on y viendra.
En 2010, j’avais déjà équipé plusieurs bâtiments avec 1000 m² de panneaux photovoltaïques. C’est un vrai plus, à la fois économique et environnemental.
Quel message aimeriez-vous faire passer aujourd’hui ?
J’aimerais qu’on valorise davantage les efforts environnementaux des agriculteurs français. Être viticulteur aujourd’hui, ce n’est pas juste produire du raisin : c’est entretenir un paysage, recréer du milieu, protéger l’eau, les sols, la biodiversité. On mérite que ce travail soit reconnu.