Parole de certifié : Samuel Bertrand, viticulteur à Réaux-sur-Trèfle

Installé à Réaux-sur-Trèfle, en Petite Champagne, Samuel Bertrand cultive la vigne sur l’exploitation familiale du Vignoble Bertrand. Certifiés CEC et HVE depuis 2022, leur engagement a récemment été récompensé par un Trophée Cognac Vignoble Engagé dans la catégorie Économie circulaire.

 

Votre exploitation a récemment été récompensée aux Trophées Cognac Vignoble Engagé. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative autour de la champignonnière ?

 

Oui, c’est une démarche qu’on a mise en place il y a quelque temps, avec la volonté de valoriser un compost local, fabriqué à 20 minutes de chez nous à partir de la fin de vie des champignons. On l’utilise dans nos vignes entre octobre et décembre, à hauteur de 4 à 8 tonnes par  l’hectare.
C’est un apport organique de qualité qui améliore la rétention d’eau et la vie du sol. Grâce à ça, j’ai pu réduire ma fertilisation chimique de 25 %. Ce compost, c’est du circuit court, et c’est accessible à d’autres aussi.

 

Pourquoi avoir présenté ce projet aux Trophées Cognac Vignoble Engagé 2025 ?

Ça faisait un moment que j’avais envie de le partager. La champignonnière produit 250 tonnes de champignons par semaine, donc le volume de compost disponible est énorme. Ce serait dommage que d’autres viticulteurs n’en profitent pas. C’est simple, efficace, et ça limite les transports. On place des points GPS autour des parcelles, et le camion vient directement vider en bout de rang. On n’a plus qu’à épandre.

J’ai également installé neuf ruches il y a quelques années, que je gère moi-même, et planté des haies pour recréer des milieux naturels. Même si j’ai déjà beaucoup d’Infrastructures Agroécologiques  (IAE) sur l’exploitation, c’était important pour moi de continuer dans cette voie.

 

Depuis votre arrivée sur le domaine, quelles autres pratiques environnementales avez-vous mises en place ?

Beaucoup de choses. Dès 2010, j’ai investi dans un pulvérisateur à panneaux récupérateurs, d’abord par conviction, mais aussi parce que les calculs sont vite faits : le produit va là où il faut, et on en récupère une bonne partie.
On a aussi deux interceps pour limiter le désherbant, une plateforme de lavage, des bacs de rétention, et un tri rigoureux de tous les déchets : bidons, filtres à charbon, masques… Rien n’est jeté.
Avant même la CEC, on avait déjà entamé cette transition. Aujourd’hui, je suis certifié CEC et HVE depuis trois ans.

 

Vous avez aussi installé des ruches ?

Oui, quatre. On fait notre propre miel, que l’on propose à nos clients. Les abeilles, c’était important pour moi. Si on peut les aider à repeupler, à mieux polliniser, c’est une petite pierre qu’on apporte à l’équilibre naturel.

En 2010, j’avais déjà équipé plusieurs bâtiments avec 1000 m² de panneaux photovoltaïques. C’est un vrai plus, à la fois économique et environnemental.

 

Et côté paysage, vous avez aussi agi ?

Oui, on a planté plus de 150 mètres de haies récemment, en complément de celles déjà en place. Ce sont des zones-refuges essentielles, et elles contribuent aussi à enrichir la biodiversité autour de la vigne.

 

Comment ces efforts sont-ils perçus par vos visiteurs ?

Très bien ! On en parle dès l’arrivée : on a un panneau sur notre démarche environnementale à l’entrée. Ça surprend parfois. Beaucoup de visiteurs ignorent à quel point on va loin dans nos pratiques. Leur en parler change leur regard sur notre métier.

 

Quel est, selon vous, le plus gros défi au quotidien ?

L’entretien mécanique. Le passage des interceps, c’est exigeant, surtout avec une météo qui favorise la repousse constante de l’herbe. Il faut s’y tenir, y aller régulièrement. Aujourd’hui, on est calés : l’intercep coupe, les doigts KRESS* nettoient, et on broie uniquement quand c’est nécessaire.

 

Un mot de conclusion ?

Notre rôle, c’est de faire en sorte que le domaine reste durable, que la planète soit un peu plus saine pour ceux qui viendront après nous. Il ne faut pas fermer les yeux. On fait tout ce qu’on peut, à notre échelle, pour la préservation de l’environnement.

*outil spécifique pour désherber mécaniquement (biner)