Parole de certifié : Emmanuel Février, viticulteur vignoble Février à Macqueville en Charente-Maritime

Emmanuel exploite depuis plus de 20 ans le vignoble familial à Macqueville en Charente-Maritime, où il cultive une trentaine d’hectares en polyculture (céréales et vignes). Producteur de Cognac, Pineau des Charentes, vins IGP Charentais et jus de raisin, il a obtenu la Certification Environnementale Cognac  et la Haute Valeur Environnementale (CEC & HVE). Aujourd’hui, il renouvelle ces deux certifications par conviction.  

 

Pourquoi avez-vous choisi de renouveler votre certification CEC ?

Depuis 2021, je me suis engagé dans cette démarche avec la Chambre d’Agriculture et ma maison de négoce partenaire, sous l’impulsion de l’association des Vignerons Indépendants. Pour moi, la certification permet de formaliser et valoriser les bonnes pratiques que j’appliquais déjà : limitation des herbicides, couverts végétaux, pulvérisation confinée… Je tenais à maintenir la double certification CEC & HVE, car elle apporte cohérence et visibilité à l’ensemble de mon exploitation.

 

Quels ont été les principaux défis à relever ?

D’un point de vue technique, aucun changement majeur, car mes pratiques respectaient déjà les critères. En revanche, la certification invite à plus de rigueur administrative, notamment sur la gestion des produits phytosanitaires. Cela m’a permis d’être encore plus précis dans mon suivi et, au final, d’être plus serein.

J’ai aussi généralisé les couverts végétaux à tout mon vignoble, alors qu’avant je n’en mettais sur une partie seulement. Au départ, j’avais des doutes sur la gestion de leur destruction, mais j’ai trouvé une approche simple et efficace.

 

La nouvelle version de la CEC est tout aussi exigeante, vous semble-t-elle accessible ?  

Oui, elle est tout à fait réalisable. De nombreuses obligations, comme la partie administrative ou encore le respect des ZNT (Zones de Non-Traitement), s’appliquent à tous depuis longtemps et ne sont pas spécifiques à la certification.

Les principales difficultés concernent les mises aux normes des installations, qui nécessitent des investissements, dans un contexte économique plus tendu. Mais nous avons des responsabilités en tant que viticulteurs : nous ne sommes pas seulement des producteurs, nous sommes aussi citoyens et garants d’un patrimoine.

Nous devons intégrer cette transition, car les consommateurs s’intéressent aux conditions de production. Le Cognac est un produit premium, et nos engagements environnementaux doivent être à la hauteur.

 

Le changement est-il uniquement technique ?  

 

Non, la transition environnementale ne repose pas que sur la technique. Elle touche aussi l’économique, le politique et surtout le psychologique. Adopter de nouvelles pratiques, c’est aussi changer son regard sur son propre métier.

Avant, un viticulteur qui travaillait bien, c’était celui dont les vignes étaient parfaitement propres et sans maladie. Aujourd’hui, on doit accepter qu’un rang couvert d’herbe ou un Indicateur de Fréquence de Traitements (IFT) plus bas font aussi partie des nouveaux critères de réussite.

Je me suis fixé mes propres objectifs et j’avance avec détermination. Il y a un vrai ressort psychologique dans cette transition : il faut accepter d’expérimenter, parfois de se tromper, et de remettre en question des habitudes bien ancrées. La réussite ne se mesure plus seulement en rendement, mais aussi en durabilité et en transmission. Nous ne léguons pas seulement un vignoble, mais un patrimoine aux générations suivantes.

 

Un message pour ceux qui hésitent encore ?

Il ne faut pas voir cette transition comme une contrainte, mais comme une évolution naturelle de notre métier. Plus on anticipe, plus c’est facile à mettre en place. Et surtout, on dort mieux quand on sait qu’on est en règle et qu’on fait les choses bien.

L’accompagnement existe, il ne faut pas hésiter à se faire aider. Se lancer, c’est franchir une étape, mais c’est aussi prendre une longueur d’avance pour l’avenir de notre filière.