Naissance de l'AOCCognac


Né il y a 400 ans, le Cognac est le fruit d’un savoir-faire traditionnel qui se perpétue à travers les « usages locaux, loyaux et constants », prémices du cahier des charges de l’AOC Cognac.


Ces années-là…

Suite à la crise phylloxérique, la contrefaçon se développe : il faut encadrer plus strictement l’usage de l’appellation « Cognac ». Le décret de 1909 définit l’aire d’appellation « Cognac » et permet à Jean-Marie Guillon de dresser la carte des huit crus du Cognac en s’appuyant sur les travaux d’Henri Coquand.


Durant les années 30, le socle réglementaire est renforcé par deux décrets majeurs :

  • celui du 15 mai 1936 définit les conditions de production des eaux-de-vie ouvrant droit à l’appellation « Cognac ».
  • celui du 13 janvier 1938 définit l’aire d’appellation,

commune par commune et cru par cru.


Appellation d’Origine Contrôlée Cognac

La notion d’ORIGINE apparaît dès 1905, dans la « loi sur les fraudes et falsifications… » qui établit qu’il est interdit de tromper le consommateur sur l’origine d’un produit. Elle sera affinée dans la loi de 1919 relative à la protection des appellations d’origine, qui précise que l’appellation d’origine désigne un produit dont la fabrication est liée à un savoir-faire et à un lieu géographique. Les contrôles seront effectués notamment par les Contributions Indirectes et la Répression des Fraudes.

Aux originesdu BNIC


Créé en 1888, le Comité de Viticulture va permettre à la région de se relever de la crise phylloxérique.

Puis en 1921, une première ébauche d’organisation de filière voit le jour pour faire face à une situation économique tendue.


Ces années-là…


Le phylloxéra ravage 85% du vignoble charentais.
Première initiative interprofessionnelle, le Comité de Viticulture est créé en 1888 pour reconstituer le vignoble.
Créé initialement pour 5 ans, il devient la Station Viticole de Cognac en 1892, et peut ainsi poursuivre son travail de recherche sur la résistance aux maladies et l’adaptation de la vigne aux sols calcaires.


En 1905, un sénateur affirme même :
« la Station Viticole de Cognac rend de très grands services à toute la France… ».

Dans un contexte économique difficile, alors que la prohibition vient d’être votée aux Etats-Unis, les professionnels de la filière s’organisent et créent l’Union de la viticulture et du commerce.


Une mission en Amérique

Contre le phylloxéra, des cépages américains sont déjà utilisés avec succès dans les vignobles du Midi et de la Gironde, mais en terrain calcaire la chlorose les détruit irrémédiablement. Afin de sauver le vignoble charentais, le Ministère de l’Agriculture charge en 1887 Pierre VIALA (professeur à l’Ecole d’Agriculture de Montpellier) de ramener des Etats‐Unis de nouvelles vignes résistantes à la fois au phylloxéra et à la chlorose. A son retour, il participe à la création du Comité de Viticulture dont Louis Etienne Ravaz sera le premier directeur.

1940-1949protéger le Cognac


Le Bureau National Interprofessionnel du Cognac est créé en 1946. Il succède au Bureau National de Répartition des Vins et Eaux-de-vie de Cognac.


Ces années-là…

En 1941, pour préserver les stocks, un Bureau National de Répartition des Vins et Eaux-de-vie de Cognac est créé.
Il est transformé en Bureau National Interprofessionnel du Cognac par l’arrêté du 09 juillet 1946.


La Station Viticole lui est rattachée en 1948. L’arrêté du 20 février 1946 fonde la mission de service public du BNIC :

  • toute eau-de-vie bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée Cognac est soumise au contrôle de l’âge,
  • tout détenteur d’eau-de-vie de Cognac est soumis au contrôle des mouvements et à la tenue des comptes d’âge,
  • toute vente de Cognac effectuée sous la désignation de vente ***(Trois Etoiles), VO (Very Old), VSOP (Very Special Old Pale) ou Extra devra être prélevée en compte 3 (3 ans d’âge minimum).


L’arrêté du 09 juillet 1946 définit les missions interprofessionnelles :

  • veiller au respect de l’appellation et des conditions de production,
  • gérer la production,
  • soutenir la filière.


« Le bureau interprofessionnel du Cognac est constitué par une commission dont les membres sont nommés par arrêté du ministre de l’agriculture, sur propositions des organisations professionnelles intéressées, et qui sera présidées par le commissaire du Gouvernement »

Extrait de l’arrêté du 9 juillet 1946 relatif à l’organisation interprofessionnelle du marché des vins et eaux-de-vie de Cognac.


Une structure interprofessionnelle

A la Libération, sous le Gouvernement Provisoire du général De Gaulle, la notion d’« Organisation interprofessionnelle » apparaît dans les textes.
Par arrêté du 04 décembre 1944, l’interprofession est constituée d’une « commission consultative » dont les membres sont désignés parmi les professionnels de la filière (5 viticulteurs, 4 négociants, 1 représentant des bouilleurs de profession).

1950-1959le Cognac, un produit de qualité


Dans l’euphorie de l’après-guerre, la région s’organise pour relancer les ventes. Elles vont dépasser les plus folles espérances. L’Appellation « Cognac» fait vendre : les certificats sont une garantie.


Ces années-là…

A partir des années 50, les ventes à l’exportation sont en progression constante. Une taxe spéciale sur les eaux-de-vie à destination du marché américain permet de financer la « Propagande du Cognac à l’étranger ». Entre 1951 et 1953, trois textes réglementaires précisent la mission de service public du BNIC : il délivre les certificats d’origine et devient la seule autorité à délivrer les certificats d’âge. La notion d’âge s’affine : les désignations VO, VSOP, RESERVE sont prélevées en compte 4. Et les désignations EXTRA, NAPOLEON, VIEILLE RESERVE sont prélevées en compte 5.


En1957 et 1958, les récoltes sont désastreuses :

avec seulement 506.000 hl AP, la région est au bord de la rupture de stock. A partir de 1959, sous l’impulsion de Félix Gaillard, la plantation de vignes nouvelles est autorisée pour les produits d’appellation d’origine contrôlée. Le BNIC est chargé de délivrer les droits pour le Cognac.


Certifier l’âge des eaux-de-vie

Dès 1924, l’Australie impose un document officiel justifiant d’un vieillissement minimum pour les eaux devie entrant sur son territoire. Par la suite, les Contributions Indirectes ont confié par délégation la mission de tenue des comptes d’âge et par extension de délivrance des certificats d’âge au BNIC.
Aujourd’hui, le certificat d’âge est délivré pour 128 pays.

1960-1969à la conquête du monde


Malgré un climat économique tendu, les ventes de cognac poursuivent leur progression.


Ces années-là…

Dans les années 60, le Cognac tire parti de la construction européenne avec l’ouverture des frontières et la PAC (Politique Agricole Commune).
En parallèle, alors que la CEE taxe les produits américains à l’entrée sur son territoire, les Etats-Unis ripostent en taxant les produits européens, dont le Cognac.


Les ventes s’envolent :

Paradoxalement, malgré ces mesures de rétorsion les Etats-Unis restent l’un des trois principaux marchés d’exportation. Des centres d’information du Cognac, chargés de la promotion du Cognac, ouvrent à New York (1968) et Hambourg (1969). D’autres ouvriront dans les années suivantes (Paris, Milan, Bruxelles, Londres, Tokyo). Afin de coordonner cette activité, un service « Propagande » est créé au BNIC.


Jean Monnet,« père de l’Europe »

Parmi les grands hommes de la construction européenne : un cognaçais, Jean Monnet. Et si le contexte historique l’a rapidement détourné de la société familiale de négoce en cognac, ce défenseur de l’union des peuples au sein de l’Europe, n’oubliera jamais ses origines et son terroir : « La qualité du Cognac est le résultat d’un concours heureux de chances naturelles et de solides vertus, entretenues depuis deux siècles par des cultivateurs et des négociants obstinés ».

1970-1979s’organiser face à la crise


Depuis le début des années 60, le Cognac vit une expansion majeure des ventes sur les marchés étrangers. Mais les chocs pétroliers, des récoltes pléthoriques et les progrès technologiques contrarient cette croissance.


Ces années-là…

Une véritable crise de surproduction touche l’ensemble de l’Europe. Et tandis que la production augmente dans des proportions dantesques, les ventes chutent :

  • A l’export, « les ventes à l’exportation, essentiellement réalisées à destination des pays industrialisés, [sont] victimes au premier chef de la crise de l’énergie », (Rapport de campagne du BNIC, 1974).
  • En Europe, des « fleuves de vin » inondent le marché alors que la consommation stagne ou se replie.


  • Sur le marché français, plusieurs récoltes pléthoriques dues au climat, à l’amélioration des pratiques culturales, à la mécanisation de la vendange, font gonfler les volumes alors même que le marché marque un fort retrait.

En réponse et pour la première fois en 1975, les professionnels de la région délimitée mettent en place une « organisation de campagne » et fixent des quotas de production. Malgré cela, une campagne d’arrachage débute en 1976. Elle se poursuivra jusqu’aux années 2000. Assortie de primes à l’arrachage, elle doit inciter à la reconversion.


La mécanisation des vendanges

Dans les années 70, la récolte mécanique fait l’objet de nombreux essais permettant l’amélioration de cette technique qui s’imposera rapidement comme une évolution irréversible.

Depuis sa création en 1892, la Station Viticole veille à la bonne intégration de l’innovation dans le processus de production du Cognac.

1980 - 1989un organisme à vocation interprofessionnelle


Au sortir de la crise des années 70, de nouveaux outils de gestion de la production se développent. Et en fin de décennie, le BNIC est reconnu officiellement en tant qu’interprofession.


Ces années-là…

L’arrêté du 10 avril 1987 institue un Bureau National Interprofessionnel du Cognac en reprenant les missions fixées par les arrêtés précédents. Deux ans plus tard, le BNIC est reconnu en tant qu’interprofession au sens de la loi de 1975 sur les interprofessions. Suite à la crise des années 70, la Communauté européenne créé la « QNV » (Quantité Normalement Vinifiée). La QNV fait partie des
instruments d’intervention communautaires destinés à assurer la régulation du marché. Elle est la pierre angulaire du système de la DO (Distillation Obligatoire) des cépages à double fin.


Le principe est simple : au-delà de la quantité de vin répondant aux besoins « normaux » du marché, les volumes produits doivent être distillés. La QNV est fixée annuellement par hectare sur décision de l’Etat membre.

Instaurée en 1982, elle est supprimée en 2008. Elle est remplacée au niveau national par le « rendement » dans le cahier des charges de l’appellation Cognac.


Promouvoir le Cognac

Il faut soutenir le marché français qui connaît une tendance baissière depuis 1978 :

• Les premières conférences sur le Cognac sont dispensées dans les écoles hôtelières françaises en 1981,
• Des campagnes d’affichage et des campagnes audiovisuelles sont lancées,
• Et le Festival International de Cognac du Film Policier est créé en 1982.

1990 - 1999un équilibre fragile


Portées par les années 80, les exportations progressent sur tous les marchés.Mais la pression fiscale, les mesures de lutte contre l’alcoolisme et les soubresauts économiques du Sud-Est Asiatique vont freiner brutalement cette expansion fulgurante.


Ces années-là…

Longtemps n°1, le marché américain décline depuis la fin des années 80 : campagnes anti-alcooliques et mesures ultraprotectionnistes obligent à rechercher d’autres marchés.

C’est en Asie et surtout au Japon que le Cognac s’impose : en 1990, les exportations vers ce pays ont déjà triplé par rapport à la décennie précédente. Les catégories vieilles sont les plus demandées, il faut donc stocker pour faire vieillir.


A partir de 1997, le Japon subit une crise économique majeure aggravée par une déstabilisation du Sud-Est Asiatique.La chute vertigineuse des ventes de Cognac au Japon aura de lourdes conséquences : les stocks s’accumulent, les coûts de stockage font grimper les prix et finalement avec l’effondrement du marché asiatique, la demande va faire défaut.

Personne n’oubliera le blocus de Cognac par les viticulteurs en 1998, suivi de la mise en place du « Plan d’adaptation de la viticulture charentaise » dit « Plan Guionnet ».


Bernard Guionnet,
premier président élu du BNIC

Depuis 1946, le BNIC était présidé par un haut fonctionnaire du ministère de l’Agriculture. En 1998, Bernard Guionnet, viticulteur bouilleur de cru, est élu à la présidence du BNIC. Après le blocus de Cognac par les viticulteurs, le « Plan d’adaptation de la viticulture charentaise », porté par Bernard Guionnet, propose une adaptation du potentiel de production aux besoins du marché. Elu pour 5 ans, il retrouve la présidence en 2008 pour mener plusieurs grands projets : intégration de l’ODG, création de réserves, reconnaissance de l’Indication Géographique Cognac en Chine.

2000 - 2009retour de la croissance


Les marchés repartent à la hausse. Parallèlement, de nouveaux outils de gestion de la production émergent en ce début de millénaire et une belle reconnaissance clôt la décennie.


Ces années-là…

En 2003, le « Projet de réorganisation du vignoble charentais » (ou « Rapport Zonta ») propose la fin de la Distillation Obligatoire (DO), le remplacement de la QNV par le rendement et l’introduction de l’affectation parcellaire. Les bassins sont créés en 2006, dont le bassin viticole Charentes-Cognac, avec les trois filières : Cognac, Pineau des  Charentes et Moûts & vins. Réunies au sein de la Fédération des Interprofessions, elles fixent les grandes orientations du bassin.

En 2008, pour faire face aux aléas de récolte, la réserve climatique est créée.


Une reconnaissance importante intervient le 18 décembre 2009, celle de l’AOC/IG (Indication Géographique) Cognac en Chine par l’AQSIQ (general Administration of Quality Supervision, Inspection ans Quarantine). Véritable victoire pour la protection de l’appellation Cognac, cet enregistrement signe l’aboutissement de longues années de de coopération entre le BNIC et l’administration chinoise. Le Cognac devient la première IG étrangère reconnue en Chine, ouvrant
la voie à d’autres IG européennes. Aujourd’hui, l’AOC Cognac est reconnue et protégée dans plus de 160 pays.


La boisson du succès

Au lendemain des jours sombres, les ventes de Cognac sont relancées d’une manière inattendue sur le marché américain. Busta Rhymes, Beyoncé, Puff Daddy, Snoop Dogg, Jay-Z : les grands noms du hip-hop américain mettent en scène ou en paroles la très française liqueur des dieux. Clips, titres de tubes, cocktails détonants dans les clubs les plus branchés fréquentés par cette génération de self-made men noirs : le « yak » véhicule là-bas l’image so chic de la réussite.

2010 - 2016préparer l’avenir


Une entité dont le collectif est central, au service du développement économique du Cognac et dans le respect de l’Appellation Cognac.


Ces années-là…

Le 22 décembre 2010, le BNIC devient la seule interprofession a être reconnue ODG de l’AOC Cognac. Il est désormais habilité à en élaborer le cahier des charges. Descendant des « usages locaux, loyaux et constants », ce document constitue le référentiel de l’appellation.

À nouveau cadre, nouvel outil : le « rendement » apparaît dans le cahier des charges en remplacement de la QNV. Avec la mise en place du Business Plan, véritable outil prévisionnel, s’engage une démarche collective de vision commune du développement de la filière.


Il prévoit une hausse significative des ventes (21 à 25 millions de caisses en 2026) corrélée à une baisse structurelle de la production.

Hausse du rendement et rajeunissement du vignoble font partie des leviers qui permettront de satisfaire la demande grandissante des marchés étrangers.


Cette décennie est celle des records :

• Entre 2000 et 2010, les exportations vers la Chine ont été multipliées par 100 ;

• Grâce aux Etats-Unis, le cap symbolique des 170 millions de bouteilles vendues sur douze mois est franchi en février 2016 ;

• Jusqu’à ce jour, 2015 reste l’année record pour les ventes (168.862 milliers d’équivalent bouteilles) et la récolte (près de 9,5 millions d’hectolitres volume).


2010, le BNIC devient ODG Cognac

2010 marque un tournant dans l’histoire du BNIC qui devient la première interprofession reconnue ODG. Suite à la réforme des signes de l’origine et de la qualité (ordonnance du 07 décembre 2006), l’ADG Cognac (Association de Défense et de Gestion) est créée en 2007 et rattachée au BNIC en 2009. Il faut désormais trois conditions pour pouvoir revendiquer un signe d’origine et de qualité : un ODG (Organisme de Défense et de Gestion) qui regroupe les opérateurs, un cahier des charges qui détaille les conditions de production et un plan de contrôle.


La reconnaissance du BNIC en tant qu’ODG fait du BNIC la première interprofession à devenir ODG.